• Une des chansons de Pierre Perret s’intitule « Une femme grillagée ». Elle est dédiée à toutes les femmes du monde.

    Il circule ces temps-ci sur la toile une chanson de Pierre Perret, accompagnée d’un commentaire prétendant qu’elle est «censurée ». Il y a diverses formes de censure, celle qui est due à une décision d’une autorité, religieuse ou politique, et celle qui est le produit classique d’un silence volontaire des médias. C’est probablement de celle-ci qu’il s’agit.

    La chanson. Un texte tendre, délicat, poétique critique la soumission de la femme, symbolisée par le port de vêtements qui l’enferment, est porté par une musique de style oriental. La burqa ou le niqab se rencontrent dans certains pays où la population professe la religion musulmane, unanimement, majoritairement et très souvent, autoritairement. Dans l’Afghanistan dominé par les mollahs intégristes, les femmes n’avaient droit ni à l’instruction, ni aux soins de maternité ou d’hôpital. Telle est la vision que critique Pierre Perret.

     

    L’argumentation. Que ceux qui rejettent la critique de cet enfermement, ne nous opposent pas la liberté de choix des populations lointaines. Cette attitude n‘est pas recevable, encore moins après que les révoltes des pays dits arabes, ont montré le caractère universel de l’aspiration à la dignité et à la liberté. Il est vrai pourtant que les mœurs indignes se perpétuent au fil de s générations. Il suffit de ne pas instruire les jeunes filles pour que, devenues mères, elles transmettent, au nom de la décence des habitudes traditionnelles, même indignes. C’est d’autant mieux ancré si, en plus, on leur a fait croire que cela découlait d’un ordre de Dieu. Ce n’est peut-être pas écrit dans les Livres Saints, mais elles sont bien obligées de le croire puisqu’on les a privées de la capacité de les lire par elles mêmes. On notera de plus que souvent la soumission des femmes et ses manifestations sont antérieures à l’avènement de l’Islam, dans les régions où il a triomphé aux premiers siècles du calendrier musulman ( 7e -8e de l’ère commune).

    Eclairons. On voit très bien les défauts d’autrui et pas du tout les siens. L’esclavage des prostituées à leur proxénète, n’est pas plus défendable dans nos pays civilisés. Il se présente seulement sous une autre forme. Il y a aussi d’autres sujets de scandale, l’excision clitoridienne, l’infériorité civile de la femme, son utilisation comme bête de somme et bien d’autres.

    Les deux dangers. Instrumentaliser cette chanson présente deux dangers : l’acceptation au nom de la liberté de choix et la peur devant les exigences des intégristes.
    La première consiste à faire le coup du droit des peuples à s’en tenir à leurs traditions, même si elles sont inhumaines et cruelles. Tous les humains ont le désir de vivre aussi heureux que possible le court moment qui leur est donné entre deux néants. Que certains leur promettent des délices dans celui d’après la vie, à condition qu’ils obéissent aux représentants autoproclamés de Dieu, n’empêche pas qu’ici et maintenant, ils demandent la dignité.
    La seconde présente des degrés, depuis l’envie de ne pas mécontenter les croyants jusqu’à la peur des réactions violentes des fondamentalistes. Ces derniers trahissent souvent leur propre religion en infligeant l’affirmation qu’ils détiennent la seule vérité religieuse et en interdisant de lire et d’interpréter les livres sacrés. En fait, eux-mêmes interprètent car répéter en refusant toute adaptation dans un monde qui change, est une façon d’interpréter. Cette peur là est inacceptable dans une République laïque, où chacun a le droit de croire et aussi de ne pas croire. Or le texte brandi comme une menace avec la diffusion de la chanson « censurée », traite de « trouillards » celles et ceux qui éprouvent cette crainte. Il y voit une exception, en la personne du général Bigeard. Au sujet de ce soldat qui avait effectivement le mépris de la mort au combat, Samosate se rappelle aussi le « courage » qui était le sien quand il torturait. C’est son collègue Massu qui rapporte ceci à son propos (Le Monde, 22 juin 2000) : « On a déjà fait ça en Indochine, on va pas s’arrêter ici ! ». Ne confondons pas courage et brutalité. Le courage était, à cette époque, chez un démocrate chrétien, secrétaire général de la Résidence à Alger qui démissionna pour protester contre la torture. La honte va à des hommes qui, par leur adhésion politique, se revendiquaient de Jean Jaurès, eux qui pourtant couvraient les actes de torture, ajoutant le terme de vermines pour qualifier leurs adversaires, afin de les déshumaniser.

    Que conclure ? Les Lumières ne font pas de différence. Toute dégradation d’hommes ou de femmes est inacceptable. Burqa et niqab isolent la femme et la dégradent pour la soumettre au pouvoir masculin. Mais on n’exporte pas les meilleures intentions à la pointe de l’épée, sans en venir à les renier. Liberté, démocratie, laïcité sont une longue (et fragile) acquisition au fil du temps. Les protestations elles-mêmes ne doivent pas être instrumentalisées pour instaurer l’incompréhension, puis la haine et préparer quoi, sinon la guerre? Dans toute guerre, la première victime est la liberté et la démocratie. Le prétexte des grandes idées patriotiques aboutit à ce qu’on dépense alors sans compter et le sang et l’argent. Ne nous laissons pas piéger ni par la peur d’exprimer ce qu’on pense, ni par l’amalgame des religions et des leurs déviations coupables. Les religions, les idéaux les plus nobles en connaissent ou en ont connues. Mais l’ouverture d’esprit n’est, elle non plus, le privilège d’aucune idéologie ni d’aucune religion.

    Pas de censure, pas de peur, pas de haine, mais échanger, se connaître, comprendre l’Autre, défendre

    l’universel besoin de dignité humaine, dans la raison et la laïcité, il n’est pas d’autre voie pour éviter le pire.


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  • Midnight
    Minuit
    Not a sound from the pavement
    Pas un bruit ne s'échappe de la rue
    Has the moon lost her memory
    La lune a-t-elle perdu la mémoire
    She is smiling alone
    Elle sourit toute seule
    In the lamplight
    Dans le réverbère
    The withered leaves collect at my feet
    Les feuilles mortes s'entassent à mes pieds
    And the wind begins to moan
    Et le vent commence à gémir
    Memory
    Souvenir
    All alone in the moonlight
    Toute seule au clair de lune
    I can smile happy your days ( I can dream of the old days)
    Je peux t'offrir de belles journées grâce à un sourire ( je peux rêver du bon vieux temps)
    Life was beautiful then
    Le vie était belle alors
    I remember the time I knew what happiness was
    Je me souviens du temps où je savais ce qu'était le bonheur
    Let the memory live again
    Laissons ce souvenir vivre de nouveau
    Every street lamp seems to beat
    Le cœur de chaque réverbère semble battre
    A fatalistic warning
    Un signe fataliste
    Someone mutters and the street lamp gutters
    Quelqu'un marmonne et la lumière du réverbère vacille
    And soon it will be morning
    Et bientôt le matin se lèvera
    Daylight
    La lueur du jour
    I must wait for the sunrise
    Je dois attendre le lever du soleil
    I must think of a new life
    Je dois penser à une nouvelle vie
    And I mustn't give in
    Et je ne dois pas baisser les bras
    When the dawn comes
    Quand l'aube se lèvera
    Tonight will be a memory too
    Ce soir sera aussi un souvenir
    And a new day will begin
    Et une nouvelle journée commencera

    Burnt out ends of smoky days
    Les fins consumées de journées enfumées
    The still cold smell of morning
    L'odeur immobile et froide du matin
    A street lamp dies ,another night is over
    Un réverbère s'éteint, une autre nuit se termine
    Another day is dawning
    Une nouvelle journée se lève
    Touch me,
    Touche moi,
    It is so easy to leave me
    Il est si facile de me laisser
    All alone with the memory
    Toute seule avec le souvenir
    Of my days in the sun
    De mes journées au soleil
    If you touch me,
    Si tu me touches,
    You'll understand what happiness is
    Tu comprendras ce que le bonheur est
    Look, a new day has begun...
    Regarde, une nouvelle journée a commencé…



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