• INFO FIGARO - Le père du surréalisme y vécut de 1920 à 1923. Ce pavillon modeste fut le cadre du célèbre tableau Au rendez-vous des amis peint par Max Ernst. La mairie juge la rénovation trop coûteuse.

    C'est une modeste maison de banlieue, de 50 m2 à peine, qui paraît délabrée à la vue des volets mangés par la rouille. Mais elle a été traversée par le vent de l'histoire. Dans la petite ville de Saint-Brice-sous-Forêt, une commune du Val-d'Oise composée de 18. 000 âmes, est passé un certain Paul Éluard. Le père du surréalisme a vécu dans la maison en question. Son père, Eugène Grindel, l'avait acquise. L'auteur de La Courbe de tes yeux, avait déjà une certaine notoriété en poésie quand il s'y installa avec sa femme, Gala, et leur fille, Cécile, de la fin de l'année 1920 à l'automne 1923.

    Partout ailleurs, et pour la seule raison qu'elle ait été habitée par l'un des plus grands écrivains français, une telle maison aurait fait l'objet d'attention, elle aurait peut-être même été transformée en musée… D'ailleurs, on y avait pensé, puisqu'une plaque avait été apposée l'année dernière: «Maison Paul Éluard. Monsieur Alain Lorand, maire de Saint-Brice-sous-Forêt et son équipe ont le plaisir de vous informer que cette maison sera rénovée et deviendra la Maison du patrimoine.»

    Un parking baptisé… Paul Éluard!

    Mais voilà, à la fin du mois de juin 2014, le conseil municipal a voté une délibération qui vise à la démolition de cette maison. Il est question d'en faire un parking. Cette information nous est donnée par Monique Borde-Germain, présidente de l'association des Amis du vieux Saint-Brice, qui se bat pour éviter cette catastrophe. Contactée par Le Figaro, la mairie a confirmé ce projet de démolition. Raison invoquée: crise oblige, il est hors de question d'investir ce lieu, cela coûterait trop cher aussi bien en rénovation qu'en gestion d'un éventuel musée. Le conseil municipal a bien cédé sur un point: le parking sera baptisé Paul Éluard! On entend même dans les couloirs dire que, finalement, cette maison n'a aucune valeur.

    Aucune valeur? Sur le plan architectural, peut-être. Mais un peu d'histoire littéraire s'impose, s'insurge Monique Borde-Germain. Et de raconter: «C'est dans cette maison qu'Éluard et Ernst produisirent Répétitions et Les Malheurs des Immortels», rappelle-t-elle. D'ailleurs, elle est située dans une zone protégée par les Bâtiments de France. Mieux: ses murs respirent l'art et le talent. Elle a été le cadre d'un des plus grands tableaux de la peinture, symbole de la «révolution surréaliste», Au rendez-vous des Amis, peint par Max Ernst le 5 décembre 1922, où se réunissaient André Breton, René Crevel, Robert Desnos, Max Morise, Georges Ribemont-Dessaignes, Jean Paulhan, Benjamin Péret, Philippe Soupault, Roger Vitrac, Jacques Rigaut, Jean Arp, Louis Aragon et Francis Picabia.

    Monique Borde-Germain ajoute un autre fait historique: le peintre Max Ernst, ancien combattant allemand de la Grande Guerre, arrivé de Cologne avec les papiers d'Éluard, y résida de 1922 à 1923, avant son déménagement vers Eaubonne.

    Aujourd'hui, il semble bien que cette maison est vouée à la disparition. La mairie comme l'association campent sur leur position. Cela pourrait se terminer devant un tribunal. Espérons que la petite ville de Saint-Brice-sous-Forêt ne se transforme pas en Capitale de la douleur.

    La courbe de tes yeux


    La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
    Un rond de danse et de douceur,
    Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
    Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
    C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

    Feuilles de jour et mousse de rosée,
    Roseaux du vent, sourires parfumés,
    Ailes couvrant le monde de lumière,
    Bateaux chargés du ciel et de la mer,
    Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

    Parfums éclos d’une couvée d’aurores
    Qui gît toujours sur la paille des astres,
    Comme le jour dépend de l’innocence
    Le monde entier dépend de tes yeux purs
    Et tout mon sang coule dans leurs regards.

    Paul Eluard, Capitale de la douleur, 1926


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  • Au bien:
    Celle que j’aime incarne mon désir de vivre
    je l’ai prise au présent elle reste au présent
    sa douce nudité dispense la lumière

    L’air pur passe plus pur de sa bouche à ses yeux
    elle voit tout pour moi et je choisis pour elle
    la feuille au coeur de l’arbre et le point clair de l’eau

    Elle est l’arbre et la feuille et fait déborder l’eau
    nous naissons l’un à l’autre ensemble à chaque aurore
    et notre rire efface le désert du ciel.

    (Paul Eluard)


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  • Pour reconstruire des villes
    Pour ensemencer les champs
    Pour fertiliser les coeurs
    Il faut être amoureux

    Pour élever les nuages
    Pour exalter le soleil
    En hiver comme en été
    Il faut être amoureux

    Pour respirer et pour voir
    Pour ressusciter les morts
    Pour retrouver l’univers
    Il faut être amoureux

    Il faut être sur la terre
    En puissance de sourire
    A toute bouche radieuse
    A toute main généreuse.

    (Paul Eluard)


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  • L’écume féminine a dessiné ses plages
    Il frise de partout il lâche ses oiseaux.

    (Paul Eluard)


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  • Asimbonanga (Mandela) (Nous Ne L'avons Pas Vu (mandela) (1))

    [Chorus] (x2)
    [Refrain] (x2)
    Asimbonanga
    Nous ne l'avons pas vu
    Asimbonang' uMandela thina
    Nous n'avons pas vu Mandela
    Laph'ekhona
    A l'endroit où il est
    Laph'ehleli khona
    A l'endroit où on le retient prisonnier

    Oh the sea is cold and the sky is grey
    Oh, la mer est froide et le ciel est gris
    Look across the Island into the Bay
    Regarde de l'autre coté de l'Ile dans la Baie
    We are all islands till comes the day
    Nous sommes tous des îles jusqu'à ce qu'arrive le jour
    We cross the burning water
    Où nous traversons la mer de flammes

    [Chorus] (x2)
    [Refrain] (x2)

    A seagull wings across the sea
    Un goéland s'envole de l'autre coté de la mer
    Broken silence is what I dream
    Je rêve que se taise le silence
    Who has the words to close the distance
    Qui a les mots pour faire tomber la distance
    Between you and me
    Entre toi et moi ?

    [Chorus] (x2)
    [Refrain] (x2)

    Steve Biko, Victoria Mxenge, Neil Aggett
    Steve Biko (2), Victoria Mxenge (3), Neil Aggett (4)

    Asimbonanga
    Nous ne l'avons pas vu(e)
    Asimbonang 'umfowethu thina (Asimbonang 'umtathiwethu thina)
    Nous n'avons pas vu notre frère (Nous n'avons pas vu notre soeur)
    Laph'ekhona
    A l'endroit où il (elle) est
    Laph'wafela khona
    A l'endroit où il (elle) est mort(e)

    Hey wena, hey wena
    Hé, toi ! Hé toi !
    Hey wena nawe
    Hé toi, et toi aussi !
    Siyofika nini la' siyakhona
    Quand arriverons nous à destination ?

    [Refrain] (x4)

    (1) Asimbonanga est un hymne à la libération de Nelson Mandela, figure emblématique Sud Africain de la lutte anti-apartheid, prisonnier politique de 1964 à 1990, soit 26 ans !

    (2) Steve Bantu Biko (1946-1977), philosophe noir, une figure et un martyr de la lutte contre l'apartheid, mort après 2 semaines de détention, sans procès.

    (3) Victoria Mxenge (1942-1985), avocate noire symbole de la lutte contre l'apartheid également arrêtée et assassinée avant le procès en 1985.

    (4) Neil Aggett, médecin et syndicaliste blanc figure de la lutte anti-apartheid lui aussi, torturé et assassiné en prison en 1982.


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  • VU DU LIBANIsraël n'a pas su être un Etat normal

    Israël ne veut pas d'un Etat palestinien viable, avec un territoire et des frontières clairement définies. Mais Israël ne veut pas non plus être l'Etat de tous ses habitants, [y compris les Palestiniens]. Il n'est ni capable de se séparer des Palestiniens, ni de les englober. Son problème, c'est l'existence même des Palestiniens. Le seul fait qu'ils existent rend impossible la réalisation de "l'Etat juif".

    Si la Nakba ["catastrophe"] des Palestiniens a été la création de l'Etat d'Israël en 1948, la Nakba d'Israël aujourd'hui réside dans l'existence des Palestiniens, non pas en tant qu'êtres humains et habitants dont on n'arrive pas à se défaire, mais en tant que réalité nationale d'un peuple et de son territoire. 

    Deux évolutions inverses

    Ce fut un tournant historique [dans les années 70] quand les Palestiniens ont pris acte de l'existence de l'Etat d'Israël. Jusque-là, ils avaient en tête [la reconquête de l'intégralité de] la Palestine historique, idée qu'ils ont ensuite abandonnée pour tenter d'établir un Etat palestinien [à côté d'Israël]. Tout en affirmant qu'au cas où il n'y aurait pas de solution à deux Etats, ils n'auraient pas d'opposition de principe à la création d'un Etat binational, juif et arabe, garantissant l'égalité démocratique.

    L'Etat israélien a connu une évolution inverse, avec une régression vers un projet racisto-religieux, misant sur la colonisation et ne comptant que sur l'occupation, la force militaire et l'oppression pour assurer sa pérennité. Ce n'est plus une lutte entre deux visions opposées du "droit", c'est-à-dire le droit des Palestiniens à leur terre et le droit des juifs à leur Etat. Fini également le slogan [arabe] "on jettera les Juifs à la mer", tout comme le mythe de la "terre sans peuple". [Slogan sioniste du XIXème siècle présentant la Palestine comme une terre sans peuple pour un peuple sans terre].

    Israël s'enfonce dans l'impasse

    Là où les Palestiniens ont intégré ce changement dans leur raisonnement, les Israéliens sont restés bloqués dans un imaginaire biblique. Israël n'a pas su être un Etat normal. Même l'Afrique du Sud, exemple s'il en est d'une création colonisatrice et raciste, s'est débarrassée de cet héritage. Au lieu de chercher une solution, Israël s'enfonce dans l'impasse. Son erreur consiste à nier la réalité et à s'enferrer dans des mensonges idéologiques. Malgré sa toute-puissance et sa férocité, il est prisonnier d'un projet non-viable. Or en se piégeant lui-même, il emprisonne en même temps les Palestiniens.

    Toutes les négociations entre Israéliens et Palestiniens depuis 1991 et jusqu'à aujourd'hui se sont déroulées entre, d'un côté, les Palestiniens qui cherchaient désespérément une solution, et de l'autre les Israéliens qui cherchaient désespérément la "victoire" définitive. La seule fois où Israël a clairement voulu une "paix des braves", les Israéliens eux-mêmes [un militant juif d'extrême droite] y ont aussitôt mis un terme, par l'assassinat du Premier ministre de l'époque Yitzhak Rabin [1995].

    Depuis, les Israéliens sont engagés dans une fuite en avant et se laissent aller au délire qui consiste à refuser tout à la fois la solution de deux Etats [israélien et palestinien côte à côte] et la solution d'un seul Etat pour Juifs et Arabes. Leur seule perspective, c'est toujours plus d'occupation et de spoliations. Israël a décidé de vivre dans la guerre permanente. De ne pas s'accorder la paix à soi-même, ni de donner leurs droits aux Palestiniens.

    Libérer les Israéliens de leur propre prison

    Les Palestiniens sont prisonniers de l'occupation, mais les Israéliens eux-mêmes sont prisonniers du sionisme et des illusions de la colonisation. Le drame des Palestiniens est donc double, puisqu'ils doivent, avant de pouvoir se débarrasser de l'occupation, libérer les Israéliens de leur propre prison. Ainsi, la lutte israélo-palestinienne est devenue une lutte pour la liberté de tous.

    Aujourd'hui, Israël n'est plus en mesure de faire accréditer sa thèse de "guerre contre le terrorisme", galvaudée par les dictatures arabes [les régimes égyptiens et syriens appellent leur combat contre leurs opposants "guerre contre le terrorisme"]. De même, les Palestiniens n'accepteront plus de vivre sans liberté. Cette guerre ne ressemble donc pas aux précédentes guerres israélo-palestiniennes. Elle ressemble en revanche à toutes les autres qui éclatent actuellement au Moyen-Orient : soit la liberté, soit la tyrannie. Soit des cantons racio-ethnico-religieux, soit des Etats démocratiques pluralistes. Soit des Etats-croupions de la peur et des minorités opprimées, soit des républiques ouvertes, citoyennes et égalitaires.

    —Publié le 13 juillet 2014


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  •  

    Ca fait cent longs hivers
    que j´use le même corps
    j´ai eu cent ans hier
    mais qu´est-ce qu´elle fait la mort

    J´ai encore toute ma tête 
    elle est remplie d´souvenirs
    de gens que j´ai vus naître 
    puis que j´ai vus mourir

    J´ai tellement porté d´deuils
    qu´j´en ai les idées noires
    j´suis là que j´me prépare
    je choisis mon cercueil

    Mais l´docteur me répète 
    visite après visite
    qu´j´ai une santé parfaite
    y´est là qu´y m´félicite

    {Refrain:}
    J´ai vu la Première guerre
    le premier téléphone
    me voilà centenaire
    mais bon, qu´est-ce que ça me donne
    les grands avions rugissent
    y´a une rayure au ciel
    c´est comme si l´éternel
    m´avait rayée d´sa liste

    Ca fait cent longd hivers
    que j´use le même corps
    j´ai eu cent ans hier
    mais qu´est-ce qu´elle fait la mort

    Qu´est-ce que j´ai pas fini
    qu´y faudrait que j´finisse
    perdre un dernier ami
    enterrer mes petits-fils?

    J´ai eu cent ans hier 
    ma place est plus ici
    elle est au cimetière
    elle est au paradis

    Si j´méritais l´enfer
    alors c´est réussi
    car je suis centenaire
    et j´suis encore en vie

    {au Refrain}

    Moi j´suis née aux chandelles
    j´ai grandi au chaudron
    bien sûr que j´me rappelle
    du tout premier néon

    J´ai connu la grande crise
    j´allais avoir 30 ans
    j´ai connus les églises
    avec du monde dedans

    Moi j´ai connu les chevaux
    et les planches à laver
    un fleuve beau
    qu´on pouvait se baigner

    Moi j´ai connu l´soleil
    avant qu´y soit dangereux
    faut-il que je sois veille
    venez m´chercher, bon dieu

    J´ai eu cent ans hier
    c´est pas qu´j´ai pas prié
    mais ça aurait tout l´air
    que dieu m´a oubliée

    Alors j´ai des gardiennes
    que des nouveaux visages
    des amies de passage
    payées à la semaine

    Elles parlent un langage
    qui n´sera jamais le mien 
    et ça m´fait du chagrin
    d´avoir cinq fois leur âge

    Et mille fois leur fatigue
    immobile à ma fenêtre
    pendant qu´elles naviguent
    tranquilles sur internet

    {au Refrain}

    C´est vrai qu´j´attends la mort
    mais c´est pas qu´j´sois morbide
    c´est qu´j´ai cent ans dans l´corps
    et qu´j´suis encore lucide

    C´est que je suis avide
    mais qu´y a plus rien à mordre
    c´est au´mon passé déborde 
    et qu´mon avenir est vide

    On montre à la télé
    des fusées qui décollent
    est-ce qu´on va m´expliquer
    ce qui m´retient au sol

    Je suis d´une autre école
    j´appartiens à l´histoire
    j´ai eu mes années folles

    J´ai eu un bon mari
    et quatre beaux enfants
    mais tout l´monde est parti
    dormir au firmament

    Et y´a qui moi qui veille
    qui vis, qui vis encore
    je tombe de sommeil
    mais qu´est-ce qu´elle fait la mort.


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